APPEL À DES CONTRIBUTIONS PLUS ÉLEVÉES


Une fois de retour au siège des Nations Unies à New York, Kurt Waldheim lanca un appel aux pays, leur demandant d’augmenter les places d’accueil et les contributions financières au HCR.


Liste des chefs de gouvernement recevant l’appel du Secrétaire Général pour l’aide aux réfugiés indochinois

Français

Son Excellence
M. Wilfried Martens
Premier Ministre
Bruxelles
Belgique

Son Excellence
M. Raymond Barré
Premier Ministre
Paris
France

Son Excellence
M. Giulio Andreotti
Premier Ministre
Rome
Italie

Son Excellence
M. Gaston Thorn
Président du Gouvernement et Ministre des affaires étrangères
Luxembourg
Luxembourg

Son Excellence
M. Hans Hürlimann
Président de la Confédération et chef du département fédérale de l’intérieur
Berne
Suisse

24 mai 1979

Excellence,

L’objet de mon intervention est d’attirer votre attention sur la question urgente des réfugiés et personnes déplacées d’Indochine, question dont les dirigeants des pays de l’Asie du Sud-Est m’ont entretenue au cours de ma récente mission dans la région. Le problème humanitaire aigu que pose l’exode des personnes déracinées d’Indochine est source de très graves préoccupations pour les gouvernements et pour l’Organisation des Nations Unies.

Le nombre de réfugiés et de personnes déplacées d’Indochine qui cherchent un lieu de premier asile dans des pays d’Asie du Sud-Est ne cesse de croître depuis 1975; depuis l’été 1978, il atteint des proportions dramatiques. Rien que le mois dernier, plus de 25,000 “réfugiés de la mer” sont arrivés dans divers pays de la région et des dizaines de milliers de personnes ont passé la frontière thaïlandaise; pendant la même période, seuls 8,400 réfugiés ont quitté la région pour s’installer dans de nouveaux pays. Les chiffres dont on dispose à l’heure actuelle indiquent qu’au mois de mai, un nombre de réfugiés plus élevé encore viendra s’adjoindre aux 250,000 personnes qui attendent dans des camps que leur soit trouvé un lieu de réinstallation. Bien que beaucoup ait déjà été fait pour remédier aux souffrances des réfugiés et pour trouver des solutions durables, le problème prend maintenant des proportions critiques. Au sein du système des Nations Unies, c’est au Haut Commissaire pour les réfugiés qu’incombe au premier chef la responsabilité de prendre les mesures humanitaires voulues pour résoudre les problèmes des réfugiés de par le monde. Conformément à son mandat, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés fait tout ce qui est en son pouvoir pour apporter protection et assistance à ceux qui ont quitté ou continuent de quitter l’Indochine. La pierre angulaire de l’action du Haut Commissariat est le principe humanitaire internationalement reconnu de l’asile. II n’est pas d’action humanitaire possible sans une politique d’asile généreuse, cet asile fût-il temporaire. L’exode des Indochinois impose un lourd fardeau aux pays de l’Asie du Sud-Est qui, avec de nombreux autres pays, subissent les conséquences de l’augmentation alarmante du nombre de réfugiés. Ce nombre a [sic] l’échelle mondiale dépasse aujourd’hui les 10 millions. Je fais, néanmoins, appel à ces pays, comme je l’ai déjà fait lors de ma mission dans la région, pour qu’ils continuent à accorder asile. II ne faut pas qu’à leur arrivée les réfugiés soient refoulés.

Une fois l’asile accordé, il convient de trouver une solution humaine et durable. Or il n’est de solution possible que si les gouvernements s’emploient de leur mieux, tant individuellement que collectivement, à en rechercher une et si leurs bonnes intentions se concrétisent dans les actes. Depuis l’automne dernier, le nombre de pays ayant donné à ces déracinés la possibilité de s’établir de façon permanent sur leur territoire et le nombre de ceux à qui cette possibilité a été offerte ont doublé. A l’heure actuelle, en dehors de l’Asie du Sud-Est, 108,000 personnes se sont vu offrir dans différents pays un lieu de réinstallation et ce nombre devrait bientôt dépasser 120,000. Pourtant, l’afflux croissant de réfugiés montre de façon dramatique qu’il est indispensable d’élargir cet accueil. C’est pourquoi je lance un appel pressant pour que de nouvelles offres viennent s’ajouter à celles qui ont déjà été annoncées afin de répondre à des besoins dont l’acuité ne cesse de croître.

Au cours des entretiens que j’ai eus récemment à Hanoï avec les autorités vietnamiennes, celles-ci on réafirmé [sic] leur décision d’autoriser formellement certains départs, notamment lorsqu’il s’agit de réunir des familles dispersées ou de faire droit à certaines considérations humanitaires à condition que les nouveaux pays de résidence aient délivré aux intéressés un visa d’entrée.

Un fait nouveau est intervenu la semaine dernière, lors de la réunion à Djakarta des pays membres de l’ANASE, où a été examinée la proposition de créer dans la région des centres de tri. Ces centres permettraient d’accueillir ceux qui ont reçu l’assurance de devenir résidents permanents de certains pays où ils ne pourraient toutefois se rendre qu’après une longue attente. Le premier de ces centres devrait être créé dans l’île indonésienne de Galang; le Gouvernement philippin a pour sa part offert un autre emplacement.

Cependant, ni les autorisations de quitter le Viet Nam ni la création des centres de tri, ne suffiront à résoudre le problème critique que créé la situation des réfugiés en Asie du Sud-Est. II faut pour cela que les pays de la région et du reste du monde s’efforcent sans relâche de trouver une issue. Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés ne pourra s’acquitter de sa tâche humanitaire en Asie du Sud-Est que si l’appui financier qui lui est apporté se maintient et s’accroît. A l’heure actuelle, il dépense quelque 7 millions de dollars par mois pour assurer l’indispensable aux réfugiés et aux personnes déplacées, et si le nombre d’arrivants continue à croître, les sommes nécessaires augmenteront d’autant.

Je lance donc un appel aux gouvernements pour qu’ils accordent la plus haute priorité aux mesures qui s’imposent pour faire face à cette crise. Je les invite de la façon la plus pressante à augmenter le montant de leurs contributions au Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés et à collaborer à la recherche de solutions durables en s’offrant à accueillir un plus grand nombre de réfugiés, de sorte que ceux qui sont en attente dans les camps d’Asie du Sud-Est puissent reprendre une vie active.

Veuillez agréer, Excellence, les assurances de ma très haute considération.

Kurt Waldheim 

Secrétaire général 

Nations Unies

Traduction originale de l’ONU. 

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UN/Kurt Waldheim Files/ S-0990/ 0005/06. Secretary General’s Cable Appeal of 24 May 1979 to Heads of Government on Behalf of Indo-Chinese Refugees.

Lien vers la version numérisée du dossier, p. 163 du fichier pdf.

Pour la version en anglais, p. 156 du fichier pdf.

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